MON ITINERAIRE
Tachkent, entre héritage soviétique et splendeur islamique
Capitale de l’Ouzbékistan, Tachkent ne figure pas parmi les plus belles villes du pays, mais elle offre une immersion fascinante dans l’histoire complexe et les contrastes culturels de la région. Entre traces soviétiques, joyaux architecturaux islamiques, et vie de quartier animée, cette ville mérite largement qu’on s’y attarde.
Le mélange des influences y est saisissant. L’héritage de l’ex-URSS se lit dans les grandes avenues, les places monumentales et une architecture imposante, notamment sur la Place de l’Indépendance et le boulevard Amir Timur. Des statues célèbrent l’indépendance du pays, comme celle du conquérant Tamerlan ou encore les cigognes dorées, emblèmes nationaux. Ces lieux, malgré leur rigueur formelle, prennent vie grâce à la présence d’artistes de rue, de marchands de souvenirs et de collectionneurs de monnaies soviétiques.
Mais Tachkent, ce n’est pas seulement le béton et la mémoire soviétique. C’est aussi une capitale islamique ancienne, dont le complexe Khazrati Imam illustre la richesse spirituelle. Avec ses dômes turquoise, ses minarets hauts de 54 mètres et son atmosphère paisible, ce site est l’un des plus emblématiques de la ville. Il abrite notamment le Coran d’Othman, considéré comme l’un des plus anciens exemplaires du livre sacré.
L’ensemble Khazrati Imam
Situé dans la vieille ville, ce complexe religieux abrite plusieurs bâtiments d’époque, dont la mosquée du Vendredi, deux imposants minarets et le musée du Coran. Le clou de la visite : le célèbre Coran d’Othman, manuscrit du VIIe siècle, considéré comme le plus ancien exemplaire connu. L’architecture aux dômes turquoise et les façades ornées de faïences bleues illustrent magnifiquement l’art islamique d’Asie centrale.
Le bazar Chorsu
Sous sa gigantesque coupole verte, ce marché traditionnel est un véritable centre névralgique de la vie quotidienne. On y trouve une incroyable diversité de fruits et légumes frais, de fruits secs, d’épices odorantes, de pain traditionnel (non), de tissus ikat, de vaisselle artisanale et de vêtements locaux. C’est également un excellent endroit pour observer les échanges animés entre marchands et habitants.
La cathédrale orthodoxe de la Dormition
Bâtie à l’époque tsariste et récemment restaurée, cette église impressionne par ses coupoles dorées, son style baroque russe et sa riche iconographie. Un havre de paix spirituelle, étonnamment préservé au cœur de la capitale.
L’Opéra Navoi
Édifice emblématique de l’architecture soviétique, le théâtre national Navoi est l’un des plus prestigieux d’Asie centrale. Il accueille opéras, ballets et concerts dans une salle somptueusement décorée. Les cafés ombragés situés tout autour sont idéaux pour faire une pause et observer le va-et-vient des habitants.
L’allée TSUM
À proximité du grand magasin TSUM, cette promenade bordée de kiosques à livres d’occasion est un lieu prisé des étudiants, intellectuels et flâneurs. On y trouve des ouvrages rares en russe, ouzbek et parfois même en persan ou arabe, ainsi que de vieux vinyles et affiches soviétiques.
Le métro de Tachkent
Le réseau de métro, hérité de l’époque soviétique, est aussi un musée souterrain. Chaque station a son propre style, mêlant mosaïques, lustres monumentaux, colonnes de marbre, et références culturelles nationales. Les stations Alisher Navoi, Kosmonavtlar ou Paxtakor comptent parmi les plus spectaculaires. Ticket à prix fixe : 1 400 soms (env. 0,10 €).
La médersa Kukeldash
Perchée sur une petite colline près du bazar Chorsu, cette médersa (école coranique) du XVIe siècle est l’un des plus anciens monuments de Tachkent encore en activité. Son imposante façade en briques, ses arcades voûtées et son calme intérieur invitent à la contemplation.
La tour de Tachkent
Avec ses 375 mètres, c’est la plus haute structure d’Asie centrale. Elle offre une vue panoramique sur la ville, les montagnes lointaines, et les contrastes saisissants entre les vieux quartiers et les nouveaux développements urbains. Un restaurant tournant est situé à mi-hauteur.
Le musée des Arts appliqués
Installé dans une ancienne résidence décorée de boiseries sculptées, de plâtres moulurés et de vitraux colorés, ce musée présente une magnifique collection de textiles, céramiques, bijoux, instruments de musique, et objets artisanaux de toutes les régions de l’Ouzbékistan. Une très belle introduction à l’esthétique ouzbèke.
La place de l’Indépendance
Symbole de la nouvelle identité nationale, cette vaste esplanade à l’architecture néo-classique est encadrée de bâtiments officiels, de fontaines, de parcs et de statues commémoratives. La promenade se prolonge jusqu’au boulevard Amir Timur, artère emblématique de l’époque soviétique, aujourd’hui réhabilitée et animée de cafés modernes, artistes de rue et marchands de souvenirs soviétiques.
Samarcande : joyau intemporel sur la Route de la Soie
Samarcande fut fondée vers 700 av. J.-C. sous le nom de Marakanda, au cœur de l’ancien Touran. Elle passa successivement sous le contrôle d’Alexandre le Grand (329 av. J.-C.), des Sassanides, des Arabes puis des Samanides. La ville connut son apogée sous Tamerlan, qui en fit la capitale de son empire à partir de 1370. Cette période vit l’éclosion d’un style architectural flamboyant et la construction des principaux monuments encore visibles aujourd’hui.
Au XVe siècle, sous le règne éclairé d’Ulugh Beg, Samarcande devint un centre intellectuel et scientifique d’avant-garde. Le souverain fonda des écoles, y compris pour les femmes, et développa les sciences, notamment l’astronomie.
La ville fut ensuite annexée par l’Empire russe en 1868, puis devint brièvement capitale de la RSS d’Ouzbékistan. Aujourd’hui, Samarcande conserve un rôle central dans la vie culturelle, économique et spirituelle de l’Ouzbékistan moderne.
La place du Régistan
Considérée comme l’un des plus somptueux ensembles architecturaux d’Asie centrale, cette place emblématique est entourée de trois médersas majestueuses : Ulugh Beg, Sher-Dor et Tilya-Kori. Ces établissements d’enseignement islamique, datant des XVe au XVIIe siècles, sont ornés de faïences aux motifs géométriques complexes, de coupoles turquoise, et de plafonds dorés à couper le souffle. L’éclairage nocturne transforme le site en un véritable spectacle visuel à ciel ouvert.
La nécropole Shah-i-Zinda
Un ensemble de mausolées somptueux longeant une allée étroite en pente. Ce lieu sacré est un site de pèlerinage important, abritant notamment la sépulture de Qussam Ibn Abbas, cousin du prophète Mahomet. L’intensité spirituelle du site se marie à la beauté spectaculaire des carrelages bleus, dômes vernissés et arches ciselées, dans un décor presque irréel.
Le mausolée de Gour Emir
Dernière demeure de Tamerlan (Timour), le grand conquérant turco-mongol. Ce mausolée octogonal coiffé d’un dôme côtelé bleu turquoise se distingue par la sobriété extérieure et la richesse intérieure, notamment le tombeau en jade noir. Il s’agit d’un lieu chargé d’histoire, empreint de puissance et de silence.
La mosquée Bibi-Khanym
Érigée au XVe siècle, cette mosquée colossale était autrefois l’une des plus grandes du monde islamique. Construite sur ordre de Tamerlan pour son épouse favorite, Bibi-Khanym, elle impressionne par ses proportions monumentales et son mélange de délicatesse et de puissance architecturale. La porte d’entrée est haute de 35 mètres et mène à une cour intérieure harmonieuse.
Le bazar Siab
Installé à proximité immédiate de la mosquée Bibi-Khanym, ce marché historique permet d’explorer les saveurs locales à travers les étals de pain traditionnel (non), fruits secs, épices colorées, bonbons artisanaux, et tissus ouzbeks. Une plongée sensorielle dans la vie quotidienne samarcandaise.
L’observatoire d’Ulugh Beg
Construit au XVe siècle par le prince astronome Ulugh Beg, petit-fils de Tamerlan, cet observatoire accueillait l’un des plus grands sextants du monde islamique. Il a permis des avancées scientifiques majeures et symbolise l’âge d’or intellectuel de Samarcande. Le site actuel présente les fondations restaurées et un petit musée retraçant les découvertes astronomiques de l’époque.
Le site d’Afrasiab
Les ruines de l’ancienne ville de Samarcande (Afrasiab) sont accessibles au nord du centre actuel. Ce vaste site archéologique témoigne de plus de 2 500 ans d’histoire. Un musée attenant expose les vestiges de cette époque préislamique, dont une fresque unique représentant la réception d’ambassades étrangères.
Boukhara : ville musée au cœur du désert
Fondée il y a plus de 2 500 ans, Boukhara fut un des grands centres religieux, intellectuels et commerciaux d’Asie centrale. Capitale régionale sous les Samanides, elle devint un bastion de la science et de la théologie, où enseigna notamment Avicenne. Ravagée par les armées de Gengis Khan au XIIIe siècle, elle fut ensuite reconstruite et resta un pôle spirituel majeur sous les émirs.
Aujourd’hui encore, Boukhara conserve un tissu urbain exceptionnellement bien préservé, qui donne la sensation de remonter dans le temps. Les ruelles piétonnes, fontaines anciennes, coupoles vernissées et scènes de vie traditionnelle confèrent à cette ville une atmosphère unique au monde.
L’ensemble monumental Po-i-Kalon
Ce complexe emblématique réunit la mosquée Kalon, la médersa Mir-i-Arab et le minaret Kalon. Ce dernier, haut de 48 mètres, dominait autrefois toute la ville et servait à la fois de phare, de tour de guet et, dit-on, de lieu d’exécution. La cour de la mosquée impressionne par son équilibre architectural et ses colonnades d’une rare élégance. L’ensemble reste l’un des symboles les plus puissants de Boukhara.
La citadelle Ark
Ancienne résidence des émirs, cette forteresse massive, perchée au-dessus de la ville, fut tour à tour centre politique, militaire et religieux. Ses murs de terre crue aux formes arrondies évoquent des vagues figées dans le temps. À l’intérieur, plusieurs salles retracent l’histoire de Boukhara et de ses souverains. Le site offre également une vue panoramique sur les coupoles bleues du vieux centre.
Le mausolée des Samanides
Construit au Xe siècle, ce mausolée en brique cuite sans décor céramique constitue un chef-d’œuvre d’architecture islamique précoce. La perfection géométrique de sa structure, alliée à la sobriété de son décor, en fait un lieu chargé d’émotion et d’harmonie, témoin d’un raffinement ancien.
La médersa Tchor Minor
Ce bâtiment au charme singulier, dont le nom signifie « quatre minarets », étonne par son plan atypique et ses tourelles coiffées de coupoles turquoises. Ancien portail d’une médersa disparue, il est devenu une icône photogénique de Boukhara.
Le quartier juif et la synagogue
Situé non loin du centre historique, ce quartier témoigne de la longue présence d’une communauté juive séfarade florissante. Une visite permet de découvrir une synagogue toujours active, des ruelles calmes, ainsi qu’un patrimoine discret mais bien préservé.
Autres lieux d’intérêt
- La médersa Nadir Divan-Begui, ornée de paons mythiques et de motifs animaliers inhabituels dans l’art islamique, surprend par son audace symbolique.
- La mosquée Magok-i-Attari, l’un des plus anciens lieux de culte de Boukhara, a été construite sur les vestiges d’un ancien temple zoroastrien. Les bas-reliefs de papillons sculptés témoignent de cette influence préislamique.
- La médersa Qo’sh, composée de deux écoles coraniques en vis-à-vis, se distingue par l’harmonie de son agencement et ses céramiques bleutées.
- Le bazar couvert de Tak-i-Zargaron, célèbre pour ses dômes commerciaux, perpétue la tradition marchande de la ville : bijoux, étoffes, tapis, et objets d’artisanat y abondent.
- Bolo Haouz, élégante mosquée du XVIIIe siècle, se reflète dans un bassin ancien, dans un jeu de symétrie saisissant. Son portique en bois sculpté repose sur des colonnes fines et élancées.
Khiva : la perle figée du désert
Khiva est l’une des rares cités d’Asie centrale à avoir conservé une ville intra-muros entièrement préservée, Itchan Kala, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Entourée de hautes murailles d’argile ocre, cette forteresse urbaine semble avoir arrêté le temps. Chaque ruelle, chaque minaret, chaque porte sculptée évoque l’époque des caravanes, des khans et des mystiques soufis.
L’intérieur d’Itchan Kala reste vivant et habité. Des quartiers résidentiels anciens subsistent à l’écart des axes touristiques, où l’on peut observer la vie quotidienne autour de petits patios, de fours à pain et de ruelles silencieuses. Des cafés ombragés, souvent installés dans d’anciens caravansérails, offrent une pause agréable pour découvrir une cuisine plus variée que le traditionnel plov : soupes parfumées, salades fraîches, samsas au potiron ou au fromage.
Le bazar de Khiva, bien que plus modeste que ceux de Samarcande ou Boukhara, expose de nombreux produits d’artisanat local : tissus en soie, chapkas, instruments de musique, céramiques aux motifs géométriques et bijoux d’argent.
Khiva, à la fois musée à ciel ouvert et ville vivante, incarne la beauté intemporelle de l’Ouzbékistan. Ses murs semblent raconter des siècles de foi, de savoir et de pouvoir, dans un décor qui ne cesse d’émerveiller.
Kalta Minor, le minaret inachevé
Symbole visuel de Khiva, ce minaret aux proportions massives surprend par sa forme trapue et ses mosaïques turquoise profondes. Initialement prévu pour atteindre une hauteur spectaculaire afin de relier symboliquement Boukhara et Khiva, sa construction fut brutalement interrompue à la mort du khan commanditaire. Il reste néanmoins un chef-d’œuvre singulier de l’architecture timouride.
Kounya-Arc, la citadelle des khans
Ancienne résidence royale bâtie au XVIIe siècle, cette forteresse dans la forteresse regroupe plusieurs bâtiments : la salle du trône, les appartements du harem, une mosquée d’hiver richement décorée, et un ensemble de cours intérieures. Depuis sa terrasse panoramique, un superbe point de vue permet d’embrasser l’ensemble d’Itchan Kala et de repérer les innombrables dômes et minarets qui percent l’horizon.
Le minaret Islam Khoja
Le plus haut de Khiva, avec ses 57 mètres, ce minaret élancé évoque un phare du désert. Il est possible de monter jusqu’en haut par un escalier étroit pour profiter d’un panorama spectaculaire sur la vieille ville et les dunes à l’horizon. À ses pieds se trouve la médersa Islam Khoja, à la façade ornée de céramiques raffinées.
Le mausolée de Pakhlavan Mahmoud
Lieu de pèlerinage majeur, ce mausolée abrite la tombe d’un poète soufi et lutteur, devenu saint patron de Khiva. Le complexe se distingue par la finesse de ses faïences vert-émeraude et ses coupoles ondulantes. L’ambiance y est sereine, presque mystique.
À faire absolument
- Explorer les remparts de Khiva et faire le tour complet à pied pour mieux saisir l’ampleur de la vieille ville.
- Grimper sur la terrasse de Kounya-Arc pour une vue globale d’Itchan Kala.
- Se promener dans les rues moins fréquentées du nord de la vieille ville, où les échoppes d’artisans alternent avec des maisons de pisé ornées de bois sculpté.
- Découvrir l’atmosphère nocturne de Khiva, lorsque les coupoles s’illuminent doucement dans un calme presque irréel.